La pénurie de compétences : comment les entreprises peuvent relever le défi

Face à une économie en constante évolution et des technologies qui progressent à un rythme effréné, les entreprises se trouvent confrontées à un défi majeur : la pénurie de compétences. Cette situation menace leur croissance et leur compétitivité. Comment peuvent-elles s’adapter et surmonter cet obstacle ? Plongeons dans les stratégies et solutions innovantes que les organisations mettent en place pour faire face à ce phénomène grandissant.

Comprendre les enjeux de la pénurie de compétences

La pénurie de compétences est devenue un véritable casse-tête pour les entreprises de tous secteurs. Selon une étude menée par ManpowerGroup en 2021, 69% des employeurs dans le monde peinent à trouver des candidats qualifiés pour leurs postes vacants. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs :

– L’évolution rapide des technologies, qui crée une demande pour de nouvelles compétences

– Le vieillissement de la population active dans de nombreux pays développés

– L’inadéquation entre les formations proposées et les besoins du marché du travail

– La mondialisation, qui intensifie la concurrence pour les talents

Face à ces défis, les entreprises doivent repenser leurs stratégies de recrutement et de gestion des talents pour rester compétitives.

Développer une culture d’apprentissage continu

L’une des solutions les plus efficaces pour faire face à la pénurie de compétences est de mettre en place une culture d’apprentissage continu au sein de l’entreprise. Cela implique d’encourager et de faciliter la formation et le développement des compétences des employés tout au long de leur carrière.

« L’apprentissage continu n’est plus un luxe, c’est une nécessité pour la survie et la croissance des entreprises », déclare Josh Bersin, analyste reconnu dans le domaine des ressources humaines.

Pour mettre en place cette culture, les entreprises peuvent :

– Proposer des programmes de formation internes réguliers

– Encourager l’utilisation de plateformes d’apprentissage en ligne

– Mettre en place des systèmes de mentorat et de coaching

– Allouer du temps et des ressources pour l’auto-formation des employés

L’Oréal, par exemple, a lancé son programme « Learning for All » qui offre à chaque employé un minimum de 10 heures de formation par an, avec un accès à plus de 7 000 modules d’apprentissage en ligne.

Repenser les processus de recrutement

Pour s’adapter à la pénurie de compétences, les entreprises doivent également revoir leurs stratégies de recrutement. Il s’agit de se concentrer davantage sur le potentiel et la capacité d’apprentissage des candidats plutôt que sur leurs compétences actuelles.

« Nous recherchons des personnes qui ont la volonté et la capacité d’apprendre, plutôt que celles qui possèdent déjà toutes les compétences requises », explique Laszlo Bock, ancien vice-président des ressources humaines chez Google.

Les entreprises peuvent adopter plusieurs approches :

– Utiliser des tests de compétences et des mises en situation plutôt que de se fier uniquement aux CV

– Mettre en place des programmes de stages et d’apprentissage pour former les jeunes talents

– Collaborer avec des écoles et des universités pour adapter les formations aux besoins de l’entreprise

– Envisager le recrutement de profils atypiques ou en reconversion professionnelle

IBM, par exemple, a lancé son programme « New Collar Jobs » qui vise à recruter des candidats sans diplôme universitaire mais possédant les compétences techniques nécessaires ou le potentiel pour les acquérir.

Favoriser la mobilité interne et la polyvalence

La pénurie de compétences peut souvent être atténuée en exploitant mieux les talents déjà présents dans l’entreprise. Encourager la mobilité interne et la polyvalence des employés permet de combler les lacunes de compétences tout en offrant des opportunités de développement aux collaborateurs.

« La mobilité interne est un levier puissant pour répondre aux besoins en compétences tout en fidélisant les talents », souligne Laetitia Vitaud, experte en Future of Work.

Pour favoriser cette approche, les entreprises peuvent :

– Mettre en place des programmes de rotation des postes

– Créer des passerelles entre différents départements

– Encourager les projets transversaux

– Proposer des formations pour acquérir de nouvelles compétences

Unilever a mis en place une plateforme interne appelée « FLEX Experiences » qui permet aux employés de postuler à des projets à court terme dans d’autres départements, favorisant ainsi le développement de nouvelles compétences et la mobilité interne.

Tirer parti des nouvelles technologies

Les nouvelles technologies peuvent jouer un rôle crucial dans la gestion de la pénurie de compétences. L’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation peuvent aider les entreprises à optimiser l’utilisation des compétences existantes et à combler certains manques.

« L’IA ne remplace pas les travailleurs, elle les augmente. Elle permet de libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée », affirme Kai-Fu Lee, expert en intelligence artificielle.

Les entreprises peuvent utiliser la technologie pour :

– Automatiser les tâches répétitives, permettant aux employés de se concentrer sur des activités plus complexes

– Utiliser des outils d’IA pour identifier les compétences internes et les faire correspondre aux besoins de l’entreprise

– Mettre en place des systèmes de gestion des talents basés sur l’IA pour prédire les besoins futurs en compétences

– Utiliser la réalité virtuelle et augmentée pour la formation et le développement des compétences

Walmart, par exemple, utilise la réalité virtuelle pour former ses employés à la gestion des situations de crise et au service client, permettant ainsi de développer rapidement des compétences cruciales.

Collaborer avec l’écosystème externe

Face à la pénurie de compétences, les entreprises ne peuvent plus fonctionner en vase clos. La collaboration avec l’écosystème externe devient cruciale pour accéder aux compétences nécessaires.

« Dans un monde où les compétences évoluent rapidement, la collaboration est la clé pour rester compétitif », déclare Reid Hoffman, co-fondateur de LinkedIn.

Les entreprises peuvent envisager plusieurs formes de collaboration :

– Partenariats avec des startups innovantes

– Collaboration avec des universités et des centres de recherche

– Participation à des consortiums sectoriels pour mutualiser les efforts de formation

– Recours à des plateformes de freelance pour accéder à des compétences spécifiques

Airbus, par exemple, a lancé son programme « Airbus BizLab » qui permet à l’entreprise de collaborer avec des startups pour accéder à de nouvelles technologies et compétences.

Repenser l’organisation du travail

La pénurie de compétences pousse les entreprises à repenser leur organisation du travail pour optimiser l’utilisation des talents disponibles et attirer de nouveaux profils.

« Le travail flexible n’est plus un avantage, c’est une nécessité pour attirer et retenir les meilleurs talents », affirme Kathleen Hogan, directrice des ressources humaines chez Microsoft.

Les entreprises peuvent envisager plusieurs approches :

– Adopter des modèles de travail hybrides ou à distance pour élargir le bassin de talents

– Mettre en place des équipes projet agiles et multidisciplinaires

– Encourager l’intrapreneuriat pour stimuler l’innovation et le développement de nouvelles compétences

– Repenser les descriptions de poste pour les rendre plus flexibles et adaptables

Spotify, par exemple, a mis en place un modèle d’organisation appelé « Squads, Tribes, Chapters and Guilds » qui favorise l’agilité et le développement continu des compétences.

La pénurie de compétences représente un défi majeur pour les entreprises, mais elle offre aussi une opportunité de repenser en profondeur leurs stratégies de gestion des talents et leur organisation. En adoptant une approche proactive et innovante, les entreprises peuvent non seulement surmonter cette pénurie, mais aussi se positionner comme des employeurs attractifs et compétitifs dans un marché du travail en constante évolution. La clé du succès réside dans la capacité à créer un environnement propice à l’apprentissage continu, à l’innovation et à l’épanouissement des talents.